La Ruche s’associe à la Coordination Nationale Contre l’Incinération des Déchets Ménagers et Assimilés (CNCIDMA) qui tiendra une conférence de presse le vendredi 06 Avril 2012 à 11H00, à la Mairie du 2éme arrondissement, 8 rue de la Banque, 75002 PARIS. Un des objectifs est d’interpeler les candidats à la présidentielle sur cette question.
Elle y présentera notamment le manifeste que nous reproduisons ici:
CNCIDM, Coordination Nationale Contre l’Incinération des Déchets Ménagers, 2 rue Federico Garcia Lorca, 63510 AulnatManifeste pour une sortie de l’incinération des déchets ménagers
Notre pays, avec près de 130 incinérateurs, est malheureusement le champion de l’incinération absurde des déchets ménagers. Quel manque de sagesse !
Les associations soussignées sont déterminées à ce qu’on sorte de l’incinération des déchets en mettant en oeuvre des solutions plus responsables, plus écologiques, moins chères et moins dangereuses. Elles demandent aux élu-e-s nationaux de légiférer dans cet esprit.
L’incinération : un traitement aberrant
- L’incinérateur brûle ce qui pourrait être recyclé, alors que les coûts des matières premières sur la planète ne cessent de s’envoler. En ne triant pas, il essaie de brûler et ne fait que calciner les déchets organiques qui pourraient être valorisés.
- Par la combustion, il produit des rejets hautement toxiques, un cocktail de métaux lourds et de plus de 700 molécules organochlorées mal connues qui n’existent pas dans nos poubelles, dont les dioxines et les furanes indestructibles pendant une génération et qui se transmettent par la chaîne alimentaire. Certes la réglementation prescrit aujourd’hui des normes, mais qui ne sont pas respectées quand il y a arrêts, dérangements ou dysfonctionnements, ou quand un industriel n’est pas rigoureusement contrôlé… En 2006, l’Institut National de Veille Sanitaire a démontré l’effet cancérigène de ces molécules parmi la population sous le vent de ces machines à polluer. C’est contre ce danger pour la santé publique que des médecins se sont mobilisés à Marseille, à Lunel et à Clermont-Ferrand avec un collectif de 534 médecins.
- Il en est de même pour l’environnement : loin d’être le feu purificateur que certains s’imaginent, outre les molécules toxiques qui vont se déposer sur les espaces et les cultures environnantes, l’incinérateur produit une quantité énorme du gaz à effet de serre qu’est le CO2, et des mâchefers (300 kg pour une tonne entrante) qui polluent le sol et l’eau, une fois mis en souscouche routière.
- Le traitement des fumées par des filtres complexes induit des investissements très onéreux qui alourdissent les taxes que paient les citoyens.
- En donnant des Délégations de Service Public à des grands groupes, les élus locaux démissionnent de leur mission de réflexion et d’organisation sérieuse du traitement de nos déchets. Pour leur plus grand bénéfice, ces groupes souhaitent des volumes de plus en plus importants, non triés. Ce qui va à l’encontre de nos politiques de prévention.
Les alternatives sont possibles
➔ Tout d’abord en diminuant le volume global de nos déchets. En gaspillant moins, en travaillant l’écoconception des produits pour pouvoir mieux les recycler, avec des produits qui durent plus longtemps et en réduisant les emballages…
➔ En triant vraiment : actuellement, on ne valorise qu’un tiers de nos déchets. Or «notre poubelle est un trésor». Le traitement actuel des déchets, que ce soit par incinération ou par enfouissement, est en mélange : c’est écologiquement aberrant et une rente économique pour des groupes multinationaux qui n’attendent que l’accroissement des tonnages…. Les prix récents à la tonne, l’acier à 140 €, l’alu à 450 €, les plastiques à 200 € montrent que nos « déchets » sont transformables en richesse. L’organisation systématique de collectes sélectives, bien expliquées aux citoyens, en particulier des déchets organiques, permet d’arriver à un détournement de 70 à 80 % du contenu de nos poubelles.
➔ Car il est un autre trésor dans nos poubelles, nos déchets organiques : un tiers de nos déchets, la moitié une fois le reste trié. Cette partie fermentescible, si elle est bien collectée à part, peut être compostée et ainsi revenir logiquement à la terre, pour la production agricole ou le maraîchage. Mieux, la méthanisation permet une valorisation énergétique avant la valorisation agronomique qu’est le compostage. Au cours d’un processus industriel fiable, non polluant, bien au point, surtout dans les pays étrangers !, la production de biogaz produit 70 à 80 m3 de méthane par tonne entrante (environ 700 kw/h). Le méthane est semblable au gaz naturel et peut donc être utilisé comme carburant, ou pour du chauffage ou pour de la production d’électricité. Au prix où sont les énergies fossiles, pourquoi ne pas développer cette filière ?
➔ On peut inviter les citoyens à mieux trier en adoptant la redevance incitative, au poids ou à la levée, avec correctif social, à la place de la taxe injuste d’enlèvement des ordures ménagères.
➔ Nombre de produits sont jetés alors qu’ils pourraient avoir une seconde vie si les collectivités encouragent le secteur de la réparation, des recycleries, des ressourceries, utiles socialement et créatrices d’emploi.
➔ En triant beaucoup plus que le tiers actuel de nos poubelles, il ne restera à enfouir en Centre d’Enfouissement Technique, maintenant appelés Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux, que des déchets réellement ultimes ; certaines collectivités sont arrivées ne considérer comme ultimes que 20 % de leurs poubelles. Il est des déchets actuellement inutilisables que nous saurons recycler dans quelques années (par exemple certains plastiques, à base de pétrole), c’est pourquoi nous souhaitons des stockages débarrassés de la part organique, donc sans odeur, ni jus, et réversibles pour qu’on puisse les exploiter quand le jour viendra.
➔ Il va sans dire que ce stockage doit se réaliser dans une logique de traitement de proximité, à l’échelle de bassins de vie, de territoires à convenir dans les logiques actuelles d’aménagement du territoire, pour éviter les coûts faramineux de transports. Et pour que élus et citoyens soient conscients de leur production de déchets et cessent de jouer les Ponce Pilate en renvoyant ailleurs ce qu’ils ne veulent pas voir et pourraient exploiter.
➔ En cessant les délégations de service public, et les marchés globaux, les collectivités, avec des marchés publics, des régies ou des prestations de service, par lots, peuvent garder la main sur leurs produits, leur devenir, et leur valorisation.
Réduire le volume des déchets,
Trier en porte à porte, ne pas mélanger, séparer l’organique,
Recycler, valoriser, composter l’organique, le méthaniser ;
Réutiliser plutôt que jeter,
Ne pas polluer, Faire des économies, Créer des emplois locaux,
Sortir de l’incinération, c’est possible !
Clermont-Ferrand, février 2012