Il faut lire « Vers un nouveau capitalisme » de Muhammad Yunus ! (environ 6 euros en Poche). Ce livre passionnant ouvre de nouveaux horizons et remplit d’espoir. M. Yunus y présente une nouvelle forme d’entreprise : le social-business et raconte comment, depuis 30 ans au Bangladesh, il a développé et concrétisé cette idée.
Voilà la description qu’il en donne : « un social-business est conçu et fonctionne comme une entreprise classique : il a des produits, des services, des clients, des marchés, des charges et des recettes. Mais le principe de maximisation du profit est remplacé par celui de bénéfice social.» Les investisseurs ne touchent pas de dividende (ils peuvent récupérer leur mise) ; ainsi, tous les profits sont réinvestis pour augmenter l’efficacité ou la taille de l’entreprise.
Un social-business doit avoir pour objectif l’amélioration du sort des personnes (par exemple la réduction de la pauvreté) ou de la planète. M. Yunus a commencé par créer la Grameen Bank, première banque de micro-crédit. De ce social-business, en sont nés une vingtaine d’autres au Bangladesh dans divers domaines : téléphonie mobile pour les villages isolés (Grameen Phone), fabrication et distribution de yaourts enrichis à destination des enfants malnutris (Grameen Danone), de services médicaux (Grameen Health Care Services), fourniture d’énergie renouvelable (Grameen Shakti), etc. Les pauvres sont les clients exclusifs, souvent les fournisseurs ou employés, parfois les propriétaires de ces entreprises. Il faut avoir à l’esprit que ceci se fait dans un des pays les plus pauvres de la planète.
M. Yunus a totalement remis en cause les principes qui fondent le capitalisme moderne selon lequel :
– les humains seraient des êtres unidimensionnels ne cherchant qu’à maximiser le profit. Bien d’autres motivations les poussent en fait à agir ;
– la seule solution pour sortir les pauvres de la misère est de leur offrir un emploi salarié. L’entreprenariat et le travail indépendant sont de fait plus valorisants, plus pérennes et dynamisent l’économie ;
– la capacité d’entreprendre est une qualité rare.
M. Yunus a également fait une découverte de taille : « prêter aux femmes crée des bénéfices en cascade ». Les revenus qu’elles génèrent profitent à la famille entière et d’abord aux enfants, et plus largement à toute la communauté. Enfin, il propose une nouvelle façon d’envisager l’aide au développement qui doit consister en « la création d’un environnement propice à l’expression par les pauvres de leur potentiel de création ».
Le social-business propose une vision intégrée du travail, fortement connecté à la vie quotidienne et à l’environnement des personnes. Le livre fourmille d’idées nouvelles, alternatives, d’exemples étonnants, de chiffres stupéfiants… Les curieux adoreront ! Les futurs entrepreneurs y trouveront sans doute l’inspiration !