Révision du Shéma Directeur de la Région Ile-de-France

Par le bureau de l’AMAP «le panier vanvéen» 


Le SDRIF manifeste une réelle volonté d’affronter les défis environnementaux et sociaux ….
 
La région Ile de France rêve de devenir à terme « la première éco-région d’Europe » (le Parisien du 17/10/07) et son schéma directeur traduit cette volonté en bien des points. Prenant conscience que, par sa consommation, le francilien moyen produit 2,19 T de dioxyde de carbone, la région a exprimé clairement sa volonté de participer à l’effort national de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Elle souhaite donc diminuer fortement les coûts énergétiques des transports, tant dans les déplacements que dans l’approvisionnement des urbains. La volonté, clairement affichée, de gérer dans leur globalité les cycles qui régissent les ressources naturelles est une autre manifestation de vouloir économiser ces dernières.
En prévoyant une politique du logement ambitieuse, pour rattraper un très grave retard, fondée sur un habitat dense et compact, pour réduire les transports, la région souhaite également préserver une richesse « exceptionnelle et non renouvelable »: ses terres agricoles et ses forêts qui représentent respectivement 49 et 24 % du territoire.
 
…., mais il ne va pas assez loin pour améliorer les termes de « la chaîne alimentaire ».
 
Les intentions, affichées dans ce schéma, mériteraient d’être poursuivies sur 2 points, très peu visibles, même en filigrane: la nature des productions agricoles à promouvoir et le recyclage des matières fertilisantes.
 
1.Paris était entouré, jadis, d’une couronne maraîchère l’approvisionnant en fruits et légumes. La croissance urbaine a fait reculer cette couronne vers la périphérie, jusqu’au jour où elle a disparu. Si bien que les espaces bâtis jouxtent maintenant la grande culture où dominent blé, maïs et colza et occupe 94% de l’espace agricole. On ne compte plus que 350 maraîchers dont la moitié vont partir à la retraite d’ici 5 ans [1]; le nombre des exploitations arboricoles est plus faible encore: 60 à la fin 2005, alors qu’il en avait 187 encore en 1997. L’élevage a disparu.
On assiste ainsi à une aberration écologique que le SDRIF devrait corriger: les fruits et légumes, produits pondéreux qui contiennent environ 80% d’eau viennent de loin pour alimenter les franciliens. On transporte de l’eau avec du pétrole! Il faut donc résolument reconvertir une petite partie de la céréaliculture en maraîchage et en arboriculture, mettre tout en œuvre pour assurer le maintien ou la reprise des exploitations maraîchères et arboricoles encore en activité, et favoriser même des installations nouvelles à proximité de Paris si l’on veut se préparer à un renchérissement inéluctable du prix du pétrole, afin de « sécuriser et rationaliser l’approvisionnement alimentaire de l’Ile de France ». Il s’agit à l’avenir d’assurer à tous, à un prix raisonnable pour les consommateurs et les producteurs, un accès sûr à des produits sains dont les bienfaits pour la santé publique sont l’objet de nombreuses campagnes de sensibilisation
  
2. Au XIXème siècle et dans la première moitié du XXème, l’agriculture trouvait auprès des villes des matières fertilisantes; il existait un véritable recyclage entre ville et campagne. L’emploi d’engrais chimiques, consommateurs d’énergie fossile et de produits issus de mines, en autonomisant la campagne par rapport à la ville, a rompu ce cycle. La ville ne restitue plus des produits, mais des déchets! Et lorsque le compostage est encouragé, c’est pour diminuer la quantité de déchets et non pour boucler un cycle. Le SDRIF qui souhaite « favoriser le bouclage des cycles de ressources au plus près » devrait étudier toutes les possibilités de mieux restituer les matières fertilisantes aux territoires agricoles et les promouvoir.
 
Quelques pistes globales et locales.
 
A l’échelle de la région, le maintien voire la création d’exploitations maraîchères et arboricoles et la reconversion (très partielle) de la céréaliculture vers du maraîchage et de l’arboriculture implique une volonté politique d’action foncière et de formation de jeunes à de nouveaux métiers. Ces pistes devraient être inscrites très clairement dans la révision du SDRIF.
 
La logique du cadran, consistant à organiser les dialogues entre acteurs sociaux à l’intérieur de faisceaux, du centre à arc de cercle de la périphérie, est tout à fait adaptée à l’organisation de circuits courts d’alimentation des citadins en produits pondéreux et de transfert de matières compostées vers l’agriculture. Ne serait-il pas possible, au sein de ces faisceaux, d’encourager des jumelages de communes ou de communautés de communes pour réaliser ces échanges ? De favoriser des sociétés civiles foncières qui, se portant acquéreur de terres agricoles, aideraient à la conversion en exploitations maraîchères? De créer des circuits de compost du centre vers la périphérie?
Le réseau des AMAP Ile de France qui regroupe des personnes sensibles à ces questions pourrait constituer une force de proposition et d’action.

[1] Parmi elles 25 seulement sont en agriculture biologique alors qu’existe en Ile-de-France une forte demande pour els produits issus de cette agriculture.. et une longue liste d’attente pour les créations d’AMAP