Les abeilles et les OGM
Un article de Sylvain Péchoux, publié dans le numéro 3 de “Sous les pavés la terre”, lettre d’info du Réseau des AMAP* d’Ile-de-France
L’histoire est suffisamment édifiante sur les problématiques de la diffusion des OGM en Europe, avec ce principe incroyable du pollué-condamné, pour qu’on vous la raconte. L’article du numéro de septembre de « l’Abeille de France » relate en effet le cas d’un apiculteur bio allemand, installé depuis 18 ans à proximité d’Augsbourg (Bavière). En 2006, une analyse révèle que son miel contient des pollens de MON 810, maïs OGM de la fi rme Monsanto, et qu’il ne peut donc plus mettre en vente son miel sous appellation biologique (ce qui constituerait une fraude, passible de trois ans de prison assortis d’une amende). En 2007, la même pollution se reproduit et l’apiculteur porte plainte devant le tribunal administratif qui conclut à la responsabilité du gouvernement fédéral (Bavière) qui a autorisé les essais OGM, et qui se doit de préserver la qualité des productions agricoles sur son sol (et donc de veiller aux risques de dissémination des pollens). En 2008, le tribunal va plus loin puisqu’il décide que du miel contenant du pollen de maïs MON 810 ne peut être commercialisé, la plus petite particule de MON 810 le rendant impropre à la consommation, puisque ce maïs transgénique n’a pas reçu d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en qualité de produit alimentaire. Est-ce une victoire montrant les risques liés à la culture en plein champ des OGM ? Pas vraiment puisque la décision du juge, en arguant que la situation de l’apiculteur (les abeilles peuvent se déplacer) est plus favorable que celle du cultivateur (le champ ne peut pas se déplacer), va conduire à l’expulsion des abeilles et de l’apiculteur !
Le 15 Juillet 2008 au matin, les apiculteurs professionnels ont ainsi organisé, avec une importante couverture médiatique, une « évacuation des abeilles » vers « un camp de réfugiés » installé dans un parc situé en face du Parlement Régional en plein centre du Munich (ville s’étant très récemment déclarée « ville sans OGM ») et qui a offert « l’asile politique » aux abeilles.
Cet exemple particulièrement éclairant montre l’impossibilité de la cohabitation entre une agriculture OGM non alimentaire et l’apiculture. Mais plus largement il renvoie à la situation de tous les agriculteurs mettant en place des modes de production durables, pénalisés par l’irresponsabilité de leurs voisins (dissémination des pollens OGM, pollution éolienne lors des épandages de produits phytosanitaires, pollution des eaux (cf. le cas de Vivien Lamouret relaté plus haut), etc.). Jusqu’à quand la double peine en agriculture ?
* AMAP : Association pour le maintien d’une agriculture paysanne
Sur les abeilles, consultez les autres articles de la Ruche :
Renouvellement de l’autorisation de l’insecticide Cruiser
Plan d’urgence en faveur de la préservation des abeilles